Philippe Naud – Artiste peintre et Ambassadeur de Lumière

Nul peintre du « monde céleste » n’aura connu trajectoire plus diverse. Né au bord de l’océan Atlantique, (présage d’un goût certain pour l’infini ?), Philippe Naud se passionne d’abord pour la sculpture ; c’est sur la pierre tendre du tuffeau qu’il réalise ses premières figures. Grand voyageur, l’artiste se révèle au fil de ses carnets de croquis qu’il vend avec un certain succès. Sa maîtrise du dessin et de la peinture l’amène à travailler pour le théâtre de 1980 à 1990, il s’initie à la danse, au mime, aux arts du cirque. Une des ses performances, « l’Odyssée de l’Espèce » qui raconte l’Histoire depuis les dinosaures jusqu’aux internautes, se joue dans toute l’Europe. Portant un intérêt particulier à la couleur, Philippe Naud s’attache à traduire l’émotion qui en découle et enseigne le «mouvement des couleurs» au sein de nombreuses écoles et entreprises.

Mais bientôt, c’est la magie du ciel étoilé qui l’attire. De nombreux amis, physiciens, astrophysiciens, philosophes l’entourent. L’un d’entre eux le met au défi de représenter le « Boson de Higgs ». Comment créer une image à partir de données scientifiques, jouer avec les particules, marquer la distance entre le bleu qui rapproche et le rouge qui éloigne ? En 2011, (quelques mois avant la découverte du Boson au CERN de Genève), après une année de recherche, le pari est relevé et Philippe Naud met à jour «son » Boson. Désormais, l’artiste se consacre totalement à dépeindre le cosmos, en toute liberté.

Avec l’exposition du « Mur de Planck », Philippe Naud nous entraîne dans un joyeux tourbillon qui fait sa révolution autour du fameux trou noir. Le temps, l’énergie et l’espace se répondent sur la toile en matière et en relief. Les poussières dansent, les fluides se rencontrent et s’épousent, les corpuscules fusionnent, des pierres précieuses jettent leurs éclats irisés et de fabuleuses couleurs s’illuminent comme les vitraux d’une gigantesque rosace. De ce cosmos qui hésite entre chaos et harmonie, naît une interrogation sur l’origine du monde et une jubilation infinie.

Happés par les images abstraites et fascinantes de Philippe Naud, nous voici attentifs et émerveillés par l’immensité de l’univers, son silence, son mystère…

 

Les réponses de Philippe qui ont inspiré Uni(s)vers la Lumière :

 

1) Une phrase d’inspiration pour parler de la Lumière ?

 

Si la lumière parlait, elle dirait très certainement que lorsque l’obscurité s’exprime c’est rarement clair.

Il n’y a pas l’ombre d’un doute, la lumière est la mère des couleurs et elle accouche de ses filles chaque fois qu’elle rencontre la matière…

La lumière a plus d’un tour dans son sac, elle peuple nos yeux de vertiges optiques et de visions insaisissables…… « Il peignit en couleur, ce qui, dans le fond de ses souvenirs, était en noir et blanc. »

 

2) Au mois de mai prochain est organisée la première journée internationale de la Lumière, que pourrait représenter pour vous cet événement ?

 

Une opportunité pour jouer avec les multiples représentations du cosmos et ses horizons pluriels: les Multivers entre autres . C’est toujours par la lumière que nous savons ce que nous savons du cosmos, toujours elle nous fait signe ,en occupant dans ses expansions les plus insensées, l’infiniment grand autant que l’infiniment petit… Exposer ma série «  De l’autre côté du mur:  l’Univers » afin de montrer qu’ils existent ( les Multivers) au moins, dans l’imaginaire des artistes mais aussi chez certains scientifiques de renommée internationale…

 

 

3) Si vous étiez un moment de la journée, vous seriez…

 

Je serai, instant contre instant, présent tout contre ce qui se meut pour mieux percevoir où bouge ce qui m’émeut: apercevoir le mouvement éclairé du vivant, à chaque moment essayer d’être au plus proche de ce temps qui se fait espace…

 

 

4) Si vous étiez un animal, une plante ou un objet capable d’émettre de la Lumière ?

 

Je serai un objet céleste: un trou blanc …( un trou blanc est l’inverse d’un trou noir, avec son trou de ver qui les relie)…

 

 

5) Si vous étiez un astre ?

 

Proxima du Centaure, Reine de la galaxie Alpha du Centaure, l’étoile la plus proche de la nôtre, notre sublime soleil, le roi de notre lumière… pour voir si de là-bas, l’ici est similaire…

 

6) Vos héros et/ou héroïnes illustres ?

 

Galilée – Léonard de Vinci – Michel-Ange – Newton – Darwin – Einstein – Claude Monet

 

7) Un tableau, une chanson, un livre ou un film lumineux à vos yeux ? Pouvez-vous nous éclairer sur votre choix ?

 

«  Rencontre avec des hommes remarquables » de Peter Brook – lumineux… parce que la voix tout comme la lumière à son écho, et ce film révèle ce qu’est, justement, l’écho…

 

8) Votre dernier éclair de génie ?

 

Je m’efforce chaque jour ou presque de provoquer cet éclair, c’est souvent après coup qu’il s’avère être de génie… ou pas! Quelle part de génie me hante ? Quelle est la part de génie qui m’éclaire? Être génial ne suffit pas pour créer l’éclair. Quel doit être la durée de l’éclair pour que le génie ait le temps de l’attraper? Cette durée doit-elle s’inscrire, j’allais dire, se graver, dans un espace suffisamment vaste afin que l’éclair puisse dessiner une forme suffisamment grande pour que le génie s’en saisisse? À propos du génie, si celui qui en a, sait où il se trouve quand il le cherche, je veux bien que nos révolutions cognitives se connectent…

 

 

9) Votre dernier éclat de rire ?

 

Le plus fréquemment possible et de préférence le plus souvent, si les éclats rebondissent en cascades mon ventre, bon tambour cognitif, prend acte… il met en mémoire et insuffle à mon patrimoine génétique qu’il y a là, dans cet éclat, des pépites précieuses qu’il faut capitaliser et introduire en banque à la Société des Émotions afin de bénéficier d’avantages en nature dans les secrets de la longévité…

 

 

10) Votre rêve de Lumière ?

 

Nul besoin de formes, la couleur a sa propre gravité, elle dompte par sa vitesse l’espace qu’elle traverse, le courbe,  et crée ainsi l’espace-temps, le rêve de lumière ne peut se faire que si l’imaginaire devient complice de cet espace-temps…

 

 

11) Quelle est votre part d’ombre ?

 

Ma part d’ombre est la part  où je me frotte à l’infini ou au mur de Planck, ce fond diffus cosmologique qui attise la plus étonnante de mes curiosités…

 

 

12) Une expression, citation, métaphore, œuvre… parlant de l’ombre ou de votre rapport à l’ombre ?

 

« Marche à l’ombre » … de toute façon elle te suit même quand tu interromps tout mouvement, la lumière te guette au plus profond de tes battements…

 

 

13) Quel geste physique ou symbolique pourriez-vous faire pour passer de l’ombre à la Lumière ?

 

Peindre, c’est passer de l’ombre intérieure à la lumière extérieure

 

14) Avez-vous un projet personnel ou professionnel qu’il vous tient à cœur de mettre dans la Lumière ?

 

Une fresque de 80 mètres sur 5,50 mètres de haut qui raconte une histoire intitulée : «  L’Humanité en Marche »

 

15) En tant qu’Ambassadeur de Lumière, que pourrait signifier pour vous : « Uni(s)vers la lumière » ?

 

L’atteindre dans sa vitesse est impossible, être atteint par ce qui la compose est indispensable, l’univers a, semble-t-il, attendu 380 000 ans après le Big Bang pour libérer sa lumière. Avant qu’un photon ne s’échappe du four solaire il lui faut des millions d’années pour exister et  s’extraire du magma, par contre il lui faut seulement 8 minutes pour nous atteindre dès  lors qu’il quitte le soleil… Univers, unis vers une meilleure compréhension de la lumière est indispensable pour éviter de spéculer sur ce que l’on refuse d’admettre de ce que l’on sait de l’Univers… Être Ambassadeur, c’est peut-être représenter le plus clairement possible ce qui se sait de ce que l’on connaît… en ajoutant à ce savoir la connaissance, transmettre…

 

16) « Photographie », en Grec,  signifie « écrire avec la Lumière »…

… laissez-vous inspirer !

 

Que vous inspire cette photographie de Basile Minatchy, titrée « Le monde à l’envers, de l’ombre à la lumière » ? Laissez parler votre imaginaire ou votre poésie…

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Au-dessus des flaques

La nuit a fait surface

Réveillée par les lumières artificielles

Le jaune d’or, en corps,

Et en corps,

s’étale dans les plis drapés de ses ombres…

Elles déambulent, s’opposent,

ventre contre terre,

défiant la verticalité et le rythme des propriétaires.

Qui est quoi? Qui est qui?

Dans ce monde inversé que la lumière bouscule?

Rien, rien d’autre que la nuit qui se joue, dehors, encore, d’elle-même

Dans l’or de ses néons, l’histoire d’un court instant…

Sans aucune importance pour le cours du temps…

Ils allaient, marchant,

marchander leurs sentiments

dans les bras éclairés des femmes

Qui au creux de la nuit négocient leur programme génétique à coup d’idées reçues…